Astuces et mise en œuvre

Claude PRECHEUR

Les amorces

Ce sont les maçonneries de départ exécutées à chaque extrémité d’un alignement avant de bâtir le plein mur. Elle est élevée jusqu’à 1,20 m au-dessus du sol à la hauteur de l’arase générale si c’est un mur de sous bassement. Cette hauteur est donnée par le cordeau supérieur de la broche. On monte donc en hauteur avant de faire la longueur suivant deux procédés qui sont :

Le déharpement

Il s’agit de réaliser des assises en gradins faciles à relier ensuite au mur plein. La longueur des amorces déharpées varie en fonction de celle des moellons utilisés. La pente du dégradé est d’environ 45° pour la pierre courante et réduite à 1/2 si l’on utilise des moellons très plats.

Le Harpement

Il consiste à lancer des harpes, c’est-à-dire à laisser les moellons basculer, une assise sur deux, et à les alterner de préférence, tantôt à gauche, tantôt à droite. La reprise et le raccordement au plein mur sont moins faciles qu’avec le dégradé, car d’une part, les harpes sont mal positionnées, et d’autre part, il est difficile de combler le joint en sous-œuvre dans la partie raccordée. Il est donc préférable de pratiquer le déharpement chaque fois que l’arase générale n’est pas trop élevée.



Ensuite, il s’agira de prévoir le raccordement traditionnel des refends avec les murs périphériques lorsque leur construction simultanée n’est pas possible et on peut procéder de deux manières qui sont :

Les arrachements

On réserve des arrachements dans le plein mur d’enceinte. Cela consiste à créer des vides, une assise sur deux, à l’emplacement du départ du mur de refend. Ces espaces, d’une profondeur de 20 cm, auront la largeur du mur à raccorder, si l’on dispose de pierres suffisamment longues pour les utiliser comme linteaux. Si le refend est prévu en briques ou en agglos, la hauteur devra correspondre à leurs dimensions plus 2 cm pour les joints. Cette technique ne donne pas de très bons résultats lors du raccordement, pour les mêmes raisons évoquées dans le chapitre (bourrage des joints).

Les harpes en attente

Il consiste à lancer des harpes en bascule dès la première assise, puis une assise sur deux en direction du refend. Pour faciliter la liaison, il faut maçonner une harpe à droite et une à gauche en alternance. Ces harpes doivent pénétrer dans le mur plein sur les 2/3 de sa longueur. Il faudra absolument aligner les parements de ces moellons et les redresser selon le tracé du refend. On choisira donc les harpes parmi les plus longs moellons.


Les têtes de mur

Mur courant de 40 à 60 cm de largeur

Les têtes de mur isolées comportent deux angles saillants qui peuvent être à équerre ou non. Ils constituent les têtes de mur ou les encadrements d’une baie. La disposition des moellons varie en fonction de l’épaisseur du mur. Dans le cas d’un mur courant de 40 à 60 cm, le premier moellon de la première assise, comme tous les moellons des rangs impairs, doit être un moellon appelé "pied-droit" avec ses parements de retour à peu près à équerre. Les lits de pose doivent également être à équerre pour éviter le basculement des pierres de l’assise suivante, appelée "harpes". Ces harpes auront leur parement en retour égal à environ la moitié de l’épaisseur du mur pour assurer la bonne stabilité de la tête de mur.
ATTENTION ! Interdiction de placer des carreaux dans les angles saillants.

Mur de plus de 60 cm de largeur (Variante d’un mur massif)

Angles saillants et rentrants

Il s’agit en somme d’exécuter la tête d’angle d’un mur qui se retourne en deux sens perpendiculaires ou non. Le montage des angles extérieurs (saillants) et intérieurs (rentrants) de cette tête de mur exige l’application de règles spéciales en raison des efforts particuliers auxquels elle est soumise.

Mur avec retour d’angle droit
  • Angle rentrant : le moellon 1 est choisi parmi un échantillon solide avec un parement long et une queue suffisamment longue. Le moellon 2, posé pour créer le retour d’angle, ne doit jamais être plus haut que le premier afin de permettre la réalisation de la prochaine assise sans besoin de calage.
  • Angle saillant : on poursuit avec l’angle saillant en commençant par le pied droit 3, ayant un long parement parallèle au 2. Pour la même raison, le moellon 4 devra avoir la même hauteur que le pied droit 3. Pour les assises suivantes, on utilise des moellons à peu près identiques, mais disposés de manière à se croiser, de sorte que les joints verticaux et les joints de queue soient interrompus. Cette technique est appelée monter les angles en "besace", permettant ainsi la construction des "chaînes d’angle"

ATTENTION ! Il faut absolument respecter l’horizontalité des lits d’attente pour les moellons formant les angles.

Piliers en moellons bruts

C’est une maçonnerie assez difficile à exécuter du fait qu’elle comporte plusieurs angles saillants et rentrants ainsi que 3 à 4 parements visibles. Cela implique le choix de moellons de queue offrant deux faces pouvant servir de parement, avec des lits de pose les plus plats possibles et des surfaces supérieures à celles du plus grand des parements.

ATTENTION ! Il est strictement interdit d’utiliser des carreaux ou des pierres posées sur le chant.

Une pose soignée où chaque moellon est plombé, dégauchi, et liaisonné en profondeur, car il ne faut pas faire un pilier creux. Aussi chaque assise est arasée à peu près de niveau sans garnis et en croisant les pierres de remplissage.

Pilier à trois et à quatre parements

À SAVOIR ! On utilisera un mortier riche et résistant.

Arc de décharge

Quoi qu’il soit très peu utilisé de nos jours, l’arc de décharge sert à reporter les charges sur les jambages. Le choix des moellons d’épaisseur régulière ou presque ne subissant aucun démaigrissement est nécessaire, car c’est le mortier qui compense la variation d’épaisseur du joint. La direction des lits rayonne vers le centre de l’arc et la ligne d’intrados doit avoir une bonne arase en mortier plus riche.

À SAVOIR ! Cet arc peut être dissimulé sous un enduit.

Maçonnerie de pierres à sec

Il s’agit de murs où les pierres sont empilées sans mortier. Ces murs, de faible hauteur, sont construits avec des moellons bien posés (assez plats et de niveau), superposés en assises plus ou moins régulières, tout en respectant les règles de liaisonnement et de stabilité. Toutefois, il est préférable de fixer au mortier les angles et les têtes de mur. La largeur de ce type de mur doit être supérieure à 30 cm pour garantir une bonne cohésion et une assise solide.
L’article Mur poids est à consulter si vous voulez savoir comment réaliser un mur de soutènement en pierres sèches.



Vous pouvez également consulter l’article "La clôture en maçonnerie de pierre naturelle" pour savoir comment réaliser un mur de clôture en pierre, ou toute la rubrique "Partie 3 : La mise en œuvre des différents types de clôtures ".